Pour l'instant, l'immense local situé sur la rue Port-Royal Ouest dans le quartier Ahuntsic est encore vide et en chantier. Il est si vaste qu'Amélie Morency s'y promène parfois, d'une extrémité à l'autre, sur sa planche à roulettes. D'ici quelques semaines, les travaux seront finis et l’équipement livré. La diplômée de l’ITHQ en cuisine professionnelle (2013), ancienne étudiante en Gestion appliquée en restauration et chef propriétaire du service de traiteur écoresponsable À toutes les sauces, ouvrira officiellement les portes de son FoodRoom 
, un espace de coworking culinaire.
Rencontre avec une jeune entrepreneure audacieuse qui veut révolutionner l’industrie alimentaire et aider les petites entreprises à réussir en misant sur l’économie du partage.
Comment as-tu eu l’idée de créer une cuisine collaborative?
J’avais un service de traiteur en même temps que j’étudiais en cuisine à l’ITHQ. Je travaillais toute seule et c’était vraiment difficile. J’allais à l’école le jour et je faisais les commandes le soir et la nuit. Je faisais tout : la vente, les soumissions, les achats, les livraisons… C’était trop pour une seule personne et presque mission impossible de faire croître ma compagnie.
J’ai réalisé que mon idéal d’entreprise était quelque chose de différent, qui pourrait avoir plus d’impact. Mon but a toujours été de changer le monde d’une certaine façon… c’est pour ça que je suis entrepreneure! Avec The FoodRoom, les retombées peuvent être plus grandes. En aidant plusieurs compagnies comme la mienne, j’ai maintenant accès à une communauté d’entrepreneurs qui, comme moi, ont besoin d’infrastructures. Ils ne sont plus seuls, ils sauvent de l’argent et ensemble, on peut aussi faire une différence sur plein de choses : le gaspillage, la sécurité alimentaire ou la consommation de produits locaux, par exemple.
Avec Uber et Airbnb entre autres, on voit que l’économie collaborative est plus qu’une tendance passagère. Ouvrir un espace de coworking, ça répond à quels enjeux du secteur culinaire?
Ça répond à tous les enjeux, le premier étant les coûts! Avoir ses propres infrastructures, ça coûte extrêmement cher. C’est totalement irréaliste pour un jeune entrepreneur d’être capable de débourser les sommes nécessaires pour avoir une cuisine professionnelle pour un produit qui vient de voir le jour.
Le temps où les gens développaient secrètement une compagnie dans un garage est révolu. Le meilleur atout d’un entrepreneur est son réseau. En étant dans un espace de coworking, tu peux trouver des employés, des partenaires, des clients, des investisseurs… les possibilités sont infinies! Avec The FoodRoom, on veut mettre à la disposition des gens des ressources pour lancer ou faire grandir leur entreprise. Tu viens chez nous, tu signes ton contrat et on te met en contact avec une firme d’avocats, un régime d’assurances, des deals chez des fournisseurs et un réseau de contacts. Et, bien sûr, on te donne accès à l’espace dont tu as besoin pour faire ta production. On simplifie donc le processus pour tout le monde.
Complète la phrase : En lançant mon projet, je ne pensais jamais que…
Ce serait aussi long. Mon plus gros défaut, c’est d’être impatiente, mais c’est aussi un atout parce que ça me pousse à être créative pour que les choses arrivent. Mais lancer une compagnie, c’est long. Quand tu penses que tu es arrivé quelque part, tu as seulement fait 10 % du chemin!
En quoi ta formation à l’ITHQ a-t-elle été la plus utile?
Le programme de cuisine m’a fait découvrir l’industrie et le programme de Gestion appliquée en restauration m’a aidée à mieux comprendre comment les choses s’y passent à l’interne. Les cours de ressources humaines ont été parmi les plus pratiques pour bâtir l’équipe du FoodRoom.
Qui t’aide dans ton projet? As-tu des ressources que tu juges indispensables?
Mon réseau immédiat a été un grand atout : j’ai eu de l’aide de beaucoup de gens! Pas longtemps après avoir commencé, j’ai aussi été acceptée dans le programme du Founder Institute, qui est un incubateur pour entreprises technologiques.
Si tu avais un conseil à donner aux jeunes qui étudient présentement à l’ITHQ et qui pensent se lancer en affaires, quel serait-il?
Le meilleur conseil que j’aurais à donner serait de ne pas suivre tous les conseils que les gens te donnent. Il faut aussi faire confiance à son gut.
