© Le Doggy Café
Gabrielle Aubin caressait un rêve depuis longtemps, celui d’être la propriétaire d’un café « Apportez votre chien » à Montréal. La tête pleine d’idéaux, mais aussi d’incertitudes, le cœur rempli de détermination et l’étincelle dans les yeux, la diplômée en Gestion appliquée en restauration a ouvert au début de l’année 2015, en compagnie de sa partenaire d’affaires Caroline Le Corre, un établissement permettant aux propriétaires de chiens de n’importe quelle race de prendre un café ou un repas santé en compagnie de leur animal. Ainsi est né Le Doggy Café 
, aujourd’hui niché au centre du Plateau Mont-Royal. À la carte : mets végétariens, végétaliens et sans gluten, gâteries maison pour pitous, parc à chiens intérieur, activités canines et entraîneurs canins De main de maître .
Projet novateur, Le Doggy Café a reçu le premier prix de l’édition 2015 du Concours de subvention pour petites entreprises d’ADP .
Entrevue en 8 questions avec Gabrielle Aubin
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées lors de la planification et de la mise en chantier de ton projet?
Obtenir le certificat d’occupation avec la Ville ne fut pas simple. Ce que je n’avais pas réalisé au début, c’est qu’ils font un test avec nous afin de voir si tout se passe « en règle » dans un café canin. Alors, ils nous ont demandé des étapes supplémentaires, comme engager un architecte pour faire dessiner les plans. Dans un petit local comme le nôtre, ça n’aurait normalement pas été nécessaire, mais comme on est le premier café canin, ils nous ont fait travailler fort et longtemps.
Le chemin entre avoir l’idée d’un « Doggy Café » et savoir comment bâtir son plan d’affaires était très nébuleux. Les gens dans mon entourage ne prenaient pas mon idée au sérieux du tout, alors durant des années, j’avais mon idée que je gardais sous silence parce que je ne voulais pas que les gens autour de moi persistent à me dire que c’était trop naïf comme concept. Finalement, quand j’ai présenté mon projet à Philippe Bertrand du CDER , il a tout de suite cru en moi et sauté sur l’occasion de m’aider à bâtir mon plan d’affaires.
Le menu du Doggy Café est entièrement végétarien, avec option végétalien ou sans gluten, et ton établissement est écoresponsable et biolocal. Trouves-tu que c’est un pari parfois difficile à respecter, selon les commentaires reçus et les frais encourus?
Un des bons coups dans mon démarrage a été d’en dire et d’en promettre très peu avant l’ouverture et de m’adapter une fois le Doggy Café ouvert. J’ai vite compris que mes clients étaient des gens pas gênés qui m’en disent long sur ce qu’ils pensent. Ainsi, je peux me pencher sur ce qu’ils veulent vraiment et qui leur tient à cœur, comme le végétarien-vegan, et ce que je réalise c’est qu’en fait l’écoresponsabilité les atteint moins, alors sur le plan des dépenses, j’investis moins de ce côté, tout en respectant quand même mes propres principes.
Selon toi, de quelle façon ton établissement est-il perçu de la part du public?
Je n’en ai aucune idée. J’ai trop la tête dedans. Ça ne fait pas assez longtemps pour que j’aie un regard externe. Ce que je sais c’est que nos clients sont vraiment émerveillés lorsqu’ils sont chez nous. Je n’ai jamais servi de gens aussi heureux d’être dans un établissement de restauration de toute ma vie. C’est comme s’ils retombaient tous en enfance…
Quels sont tes projets à court et moyen terme?
Premièrement, on doit continuer d’améliorer le local, il y a de la décoration et des changements à faire. Ensuite, j’aimerais demander un permis de terrasse et, à long terme, ouvrir un deuxième Doggy Café et peut-être des franchises.
En quoi ta formation à l’ITHQ a-t-elle été la plus utile selon toi? Est-ce qu’il y a un cours qui t’a le plus aidé dans tes démarches?
Ma formation m’a permis de comprendre comment gérer une cuisine, l’accent est vraiment mis là-dessus. Globalement, on y apprend la philosophie du monde de la restauration et ça, je ne pense pas que j’aurais pu comprendre et connaître tant de tactiques directement en étant sur le marché du travail. Ça nous donne une perspective et un regard externe, celui de nos enseignants, sans avoir la pression qu’on subit lorsqu’on est directement dans le milieu de travail.
Ce qui m’a le plus influencé, ce sont des professeurs. M. Boucher particulièrement, avec qui je suis encore en contact. Dans mon démarrage d’entreprise, on s’est parlé à quelques reprises alors que j’étais en panique totale, même si ça fait longtemps que j’ai obtenu mon diplôme. Je pense souvent à toutes les fois où, à l’école, je n’étais pas à la hauteur et où je me suis « plantée » dans ses cours. J’ai toujours voulu et je vais toujours vouloir être à la hauteur de ses attentes et ça m’a énormément poussée.
Alors, connaître ces professeurs qui ont des attentes envers nous, comprendre leurs méthodes de travail et leurs philosophies et ensuite travailler fort pour être à la hauteur, c’est ça qui m’a le plus aidée.
Quel est ton meilleur souvenir de l’ITHQ?
Mes cours de chimie alimentaire, avec M. Boucher! Toute la classe avait une recette modifiée chimiquement à faire. J’avais les « brownies sans gras ». ;-)
Si tu avais un conseil à donner aux jeunes qui étudient présentement à l’ITHQ et qui pensent se lancer en affaires comme toi, quel serait-il?
Il faut aller consulter un organisme. Moi j’ai choisi le CDER, il y a aussi le SAJE , mais il faut aller voir quelqu’un. Ne restez pas seuls dans votre tête, pris avec vos idées!
Et si c’était à refaire?
Demain matin!
Gabrielle Aubin (à gauche) et Caroline Le Corre (à droite) - © Le Doggy Café